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AMAZONES: la guerre est-elle misogyne ?
« Attention! Le samouraï est une femme « »:
L’histoire guerrière du Japon est marquée, depuis le Moyen-âge, de figures féminines qui se sont distinguées sur le champ de bataille par des prouesses dignes des plus respectables samouraïs.
Les « onna bugeisha », membres de la classe des bushi (guerriers) et issues de la noblesse, ces combattantes ont eu un impact significatif dans l’histoire nippone en même temps qu’elles ont profondément marqué l’imaginaire social. Leurs exploits ont livré à la postérité des figures mythique ou réelles, de femmes meneuses d’hommes et expertes en arts martiaux.
Leur arme de prédilection était le naginata (une perche surmontée à son extrémité par une lame courbée, avec un seul tranchant), mais, le katana (sabre), le kaiken (poignard), la hallebarde, l’arc, et des dizaines d’autres armes n’avaient pas de secret pour elles.
Entraînées pour défendre leurs familles, leur château ou leur époux, certaines guerrières, faisant comme les samouraïs, se battaient pour le daïmio ou le shogun.
L’impératrice JINGŪ est connue comme la première onna-bugeisha, la première femme guerrière. Après avoir vengé la mort de l’empereur, son mari, elle monte toute une armée pour aller à la conquête de la terre convoitée par son époux : la Corée.
En 1881, l’impératrice Jingu est devenue la première femme à figurer sur un billet de banque japonais. On ne connaitra certes jamais son vrai visage, mais son héritage résonnera toujours comme celui d’une redoutable onna-bugeisha.
TOMOE GOZEN, son histoire mêle le récit et la légende. l’histoire japonaise, il y a la réalité historique et la légende. Cette redoutable cavalière aurait mené l’armée de son mari samouraï lors de la guerre de Genpei, au 12e siècle.
HŌJŌ MASAKO, « Oni-baba », « la grand-mère démon », la dame de fer, la « femme samouraï démoniaque », continue de marquer les esprits par son courage et son habileté sur le champ de bataille. Elle est devenue un symbole du pouvoir féminin au Japon. Masako morte en 1333, son héritage est encore de nos jours une source d’inspiration pour les femmes japonaises intéressées par les arts martiaux ou désirant embrasser une carrière militaire.
Une figure plus récente…
NAKANO TAKEKO ( Avril 1847 – 16 octobre 1868) , l’une des dernières femmes samouraïs. Une femme combattante du domaine d’Aizu, qui mourut à l’âge de 21 ans en participant à la guerre de Boshin. Elle est à la tête d’une unité indépendante entièrement composée de femmes. Alors qu’elle mène une charge contre les troupes de l’Armée impériale japonaise du domaine d’Ōgaki, elle reçoit une balle dans la poitrine. Plutôt que de laisser l’ennemi la capturer, elle demande à sa sœur, Yūko, de l’achever en la décapitant. Ce qui fut fait, et qui rentre dans le Bushido, le code d’honneur des samouraïs.

Il faut rappeler que « la restauration de l’ère Meïji » entraîne des réformes fondamentales qui touchent le statut du samouraï. Considérés comme obsolètes et coûteux à entretenir par rapport au soldat conscrit moyen, ils perdent peu a peu leurs privilège, dont celui de tuer un roturier sous le prétexte d’un manque de respect. Une partie des samouraïs se révolte à la suite de ce changement de statut. Ils sont écrasés par l’armée impériale en 1874, puis lors de la rébellion de Satsuma en 1877.
Plonger dans l’histoire des femmes samouraïs mais rassurée quant à l’influence multiforme des femmes dans la marche du monde. Quelles que soient les cultures, il y aura toujours un combat quelque part qui attend une vaillante femme, qui se posera aussitôt en solution.
AMAZONES: la guerre est-elle misogyne?:
À l’occasion d’un tour au petit marché de Mvan (au sud de Yaoundé), j’ai eu envie de demander aux gens ce qu’ils pensaient des amazones. Il faut d’abord relever que beaucoup de marchés de la ville sont peuplés de personnes lettrées et diplômées, contraintes de se débrouiller dans le secteur informel, après s’être frottés en vain à un secteur de l’emploi parcimonieux.
J’ai donc posé la question, « que pensez-vous des amazones? ». Les réponses ont fusé, qui m’ont fait réaliser que le sujet était très sérieux, et qu’il méritait des développements antérieurs. Je vous offre les réponses les plus originales.
« Je ne comprends pas, si les femmes allaient à la guerre, les hommes faisaient quoi ?
Une ou deux qui aiment tellement la bagarre qu’il leur faut la guerre pour élever le niveau, ça je peux le comprendre. Il y en a qui naissent formées comme des catcheurs et se battent comme des catcheurs. Il y a dans ce marché une qu’on appelle Super Makia, et l’autre Marie Tyson, tu ne peux pas les tester, elles vont t’écrabouiller en commençant par le bas-ventre, pour que tu regrettes d’être un homme, un homme moins fort qu’une femme. »
Après que j’ai rappelé que les célèbres « Agojie », les amazones du Dahomey, formaient un régiment militaire entièrement féminin ayant fait allégeance au Fon du royaume du Dahomey (actuel Bénin), et qui a existé jusqu’à la fin du XIXe siècle. Les commentaires ont fusé de part et d’autres.
« De la à créer tout un régiment ? C’étaient les femmes, les filles, les sœurs de qui? Elles n’avaient pas de cuisine à faire? D’enfants à bercer? C’est parce qu’elles étaient trop coriaces et nuisibles qu’on préférait se débarrasser d’elles dans l’armée? »
« Elles devaient être très laides, ou lesbiennes. »
« La guerre donne des cicatrices, et les femmes fuient les cicatrices. Ils paraît que les amazones étaient fières de leurs cicatrices. C’est pas la sorcellerie ça ? »
« Peut-être que c’était les premières femmes transgenres hein? »
« Donc, elles aimaient, tellement leur roi et le royaume, qu’elles s’en allait gaillardement pour mourir pour ça ? »
« Les amazones d’aujourd’hui, c’est pour l’argent qu’elles sont capables de mourir. Pour l’argent, tu peux même les scarifier, elles s’en foutent des cicatrices dont l’autre a parlé tout à l’heure. Avant de mourir pour l’argent-là, elles vont d’abord vivre longtemps sur l’argent des gens, en cherchant toujours l’argent dans les poches de l’homme. »
« Vraiment, un bon Beti, un seigneur de la forêt, il fait comment pour laisser les femmes aller se battre ? Il fait même comment pour combattre pendant que les femmes aussi combattent? »
« Voilà, si c’était pour aller combattre les femmes du village voisin, on pouvait comprendre. Mais, combattre des hommes armés de fusils, ça, ce n’est pas ce qu’on appelle le suicide ? »
« Je demande hein? Après le Dahomey-là, est-ce que quelqu’un a encore laissé les femmes aller se battre? Ahaaan, ils ont tous compris. »

« Les amazones de Kaddafi? Moi, je n’ai pas envie de mal parler des morts. Elles étaient bien formées comme on dit, mais elles faisaient quoi? Elles étaient garde du corps non? Quand ça chauffait avec le Tchad est-ce que quelqu’un les voyait se battre? »
Toutes ces réponses ont fait naître de nouvelles questions. Envoyer des unités de femmes au combat, pas en back office, mais dans les points chauds, des amazones modernes, est-ce courant? Comment est-ce que les armées modernes gèrent-elles la question? Y a-t-il des femmes-soldats vétérans de la guerre du Vietnam? Shaka Zulu aurait-il pu former des bataillons de femmes ?Sans le sous-entendu d’envoyer des utérus et des mères potentielles à la mort?
Quelle est la place de la femme dans nos armées? Sont-elles diluées dans l’organigramme et le dispositif hiérarchique de l’armée, mais jamais au front? Même quand une femme est générale d’armée, beaucoup pensent à un parcours scolaire puis administratif qui l’a menée là, et non quelque exploit militaire.
Les amazones? Elles sont toujours là. Chaque femme qui prend en main son destin en est une, elle doit se battre contre divers carcans et contraintes qui sont autant d’ennemis de son bien-être et de son autonomie. Les célèbres revendeuses, les bayam-sellam, qui montent au front dans les marchés, tous les jours, pour nourrir des familles qui comptent entièrement sur elles sont des amazones.
La plus belle bataille des femmes autour de moi, serait de faire la guerre à ces guerres dont le lourd tribut repose encore sur des corps de femmes qu’on souille par le viol.
La fin de tous les guerres n’est pas pour demain, alors… seules les guerrières auront la chance de garder le contrôle et surtout d’aider les autres, d’aider le monde.

Béatrice Mendo, haïkiste, écrivain, présidente-fondatrice de l’association Yujo-acajapon.
Banzaï !!!
Merci 10000 fois pour cette exploration dans l’univers de la femme japonaise en particulier avec ses prouesses sur des terrains les uns autant exaltants que les autres palpitants.
La défense des intérêts mérite que tous les enfants de la patrie se mettent en branle ! Les gros doigts peuvent-ils passer le fil pour coudre un uniforme, soigner, nourrir, éduquer et par dessus tout donner la vie et la protéger dans les moments les plus difficiles ?
Dans notre contexte qui se veut de en plus féminisé, nos sœurs, cousines, nièces, filles et mamans, doivent se battre contre elles pour les compagnons, ensuite pour elles et le fruit de leurs entrailles afin de garder le nom de l’élu …( il serait peut-être temps que ça change et que la femme puisse payer la dot également ).
La femme naît guerrière poussant le cri du nouveau né à la suite des cris de douleurs de l’accouchement, lesquels cris se transformeront en onomatopées pour ponctuer les histoires de sa vie, en halètements et autres sonorités lors de la conception, après rebelote avec les douleurs de l’enfantement et le cycle recommence, ayant transmis le témoin.