
MANEKI NEKO: le porte-bonheur le plus célèbre du Japon
Cette figurine représentant un chat, confortablement assis avec un petit sourire malicieux, apporte à la fois le bonheur et la prospérité à la maisonnée.
La patte droite du chat, levée, attire la richesse en affaires comme dans les relations, l’argent et la bonne fortune. Quant à la patte gauche, elle attire le client, le visiteur ou l’amitié.
Les deux pattes levées et le malheur est chassé pour laisser la place à une chance qui insiste.
Le maneki neko traditionnel est de couleur blanche, on trouve aussi dans le commerce des versions modernisées qui n’hésitent pas à exprimer des sentiments comme l’humour, la fierté, etc.

LES OMAMORI: le bonheur en sachets.
Au Japon, un omamori est un porte-bonheur qu’on porte sur soi, dans sa poche par exemple, comme une amulette.
Les omamori se présentent comme de petits sachets taillés dans un tissu soyeux et coloré, avec à l’intérieur un bout de papier ou un morceau de bois, qui porte une prière ou un souhait, qui a été béni(e) par un moine ou un prêtre dans un site religieux (sanctuaire ou temple). Il ne faut jamais ouvrir le sachet, car la prière sera neutralisée et la prédilection brisée.
Les prières inscrites dans les omamori ont des thèmes variés : la santé, la prospérité, la réussite aux examens, l’amour, le retour de la sérénité, la consolidation de la richesse, etc. On peut aussi y inscrire des prières très personnelles, selon ses objectifs.
Les omamori sont très prisés et estimés au Japon, ils sont le symbole d’une spiritualité forte qui s’accommode aussi de superstitions et de légendes, tout en subissant l’influence du modernisme.
Traditionnellement vendus dans les temples bouddhistes et les sanctuaires Shintô, les omamori ont investi les plate-formes de vente en ligne. Ils ne sont plus exclusivement consacré à un kami ou divinité, ils peuvent aussi être dédiés à Albator, Mickey Mouse ou Hello Kitty.
Les omamori les plus courants:
💰 L’omamori pour l’argent et les affaires:
Le kaiun shofuku (開運招福), efficace pour attirer la bonne fortune, il se présente comme un sac d’argent jaune vif, couleur de la richesse.
🖊 L’omamori pour la réussite scolaire:
Les étudiants japonais l’ont souvent dans les poches. Les ventes de gakugyō-jōju (学業成就) grimpent tout juste avant la rentrée scolaire – entre février et mars. De couleur bleu ou vert, il présage de bonnes notes.
😈 L’omamori contre le mal:
Le yakuyoke (厄除) est censé chasser les démons, protéger les individus et prévenir les événements malheureux.
🚗 L’omamori pour la sécurité routière:
Le kōtsū-anzen (交通安全) est utilisé pour assurer la sécurité des conducteurs et des voyageurs.
☀ L’omamori du bonheur
Ce grigri japonais nommé kanai-anzen (家内安全) garantit la joie et la prospérité au sein du foyer.
💗 L’omamori de l’amour:
Pour renforcer et embellir les relations amoureuses, le en-musubi (縁結び) est là pour vous servir. Cet omamori agit sur l’existant, mais aussi sur le furur, en provoquant de belles rencontres futures. Qu’on célibataire, en couple, ou marié, le en-musubi est permet de vivre l’amour qu’on espère.
🤰 L’omamori pour les femmes enceintes:
L’anzan (安産) est un omamori qui veille sur la santé des mères et des bébés. Il permet d’espérer une grossesse et un accouchement aisés.
Cette énumération n’est bien évidemment pas exhaustive. Des milliers de modèles sont en vente dans les sites religieux et dans de nombreuses boutiques physiques ou virtuelles. Des collections atypiques ont fait leur apparition: l’omamori antivirus informatique pour protéger son ordinateur, l’omamori protection aérienne pour se prémunir des crashes, pour améliorer les performances sportives, pour protéger ses animaux de compagnie et même pour ralentir le processus de vieillissement de la personne qui le porte

LE NGRIMBAH: porte-bonheur ou arme?
L’usage du camfranglais (langage créolisé qui mêle le français et l’anglais à des termes issus de différentes aires linguistiques camerounaises) a fait du mot ngrimbah l’appellation générique des grigris, porte-bonheurs talismans, fétiches. Les ngrimbah c’est tous ces objets qu’on charge d’un pouvoir qui est censé infléchir le déroulement de l’existence de l’individu, dans un bon comme dans un mauvais sens.
Depuis la nuit des temps, les humains ont confectionné des objets destinés à attirer la bienveillance (ou même la malveillance) de toutes sortes d’entités, souvent surnaturelles ou supranaturelles; esprits d’hommes ou d’animaux, djinns et génies, mânes des ancêtres, anges et archanges, tous liés à une cosmogonie de référence.
Le ngrimbah protège mais il peut aussi être une arme offensive. Il ne suffit pas de se protéger du malheur pour retrouver la sérénité, il semble que certains aient besoin d’aller en guerre pour préparer la paix dans les cœurs.
Ngrimbahtiser est devenu synonyme d’envoûter, d’ensorceler, d’user de tous les moyens mystiques à sa portée pour forcer et améliorer son destin, quitte à saccager un peu celui des autres en les mettant malgré eux au service de la personne qui a « secoué la calebasse ». Toutes les actions occultes servant des desseins ténébreux relèvent du ngrimbah, même s’il a une connotation positive quand on lui attribue des succès par exemple.
LE BLINDAGE: un camouflage d’écorces pour affronter la vie.
Le traditionnel grigri, l’amulette préparée par un sorcier, guérisseur ou marabout, pour porter bonheur et conjurer le mauvaise sort, est encore la chose au monde la mieux partagée au Cameroun.
On a presque pitié de ceux qui avancent dans la vie, sans le moindre « blindage », ceux-là sont nus comme des vers de terre sur un tapis d’épines. Il vaut mieux avoir son « écorce », un genre d’ange gardien mystique qui peut effectivement être une écorce qu’on porte sur soit. En fonction de l’ingéniosité et des objectifs de la personne qui confectionne le « remède », un écorce, un ngrimbah, ça peut être un coussinet rempli de feuilles, une ballotine de tissu, une calebasse, une vieille marmite, une bouteille de Coca-Cola, une boîte de sardines, etc. Ça peut aussi être un sachet de cuir (qui renferme une sourate écrite sur du papier, pour les populations d’obédience musulmane, même si le Coran n’approuve pas la pratique).
Le blindage peut commencer dès la naissance, le bébé porte alors des bijoux blindés qui constituent le blindage: un bracelet, un collier ou une cordelette nouée autour de ses reins ou de ses chevilles. Des atours qui lui permettront de vaincre à la fois la maladie et le mauvais œil.
Même si elles sont de plus en plus rares, certaines scarifications (le fameux 11-11, onze-onze, deux petits traits perpendiculaires sur chaque joues) avaient pour but de favoriser la bonne santé.
On peut se blinder en participant à une cérémonie où il s’agira d’avaler des produits spécifiques, de prononcer des incantations, etc… dans le but de se protéger de ses ennemis, en acquérant assez de puissance pour vaincre toute adversité.
Face aux difficultés et défis de la vie, le camerounais n’hésite pas à aller voir au village, de renouer avec une pharmacopée qui soigne à la fois le corps et l’esprit. Il n’est pas rare qu’il en revienne avec un objet chargé de pouvoirs bénéfiques pour sa personne et pour sa famille, un objet qui protège mais qui permet aussi de se défendre, quitte en attaquant le premier.
Dans le fond d’une armoire, on peut trouver un objet insolite, fait de cordes, de perles de verre, de bouts d’os, de cauris, de rognures d’ongles, le tout poilu ou chevelu, etc, qui est censé apporter le succès aux examens, garantir une belle carrière avec des promotions en or, favoriser une carrière musicale ou sportive, repousser la maladie (et pourquoi pas la renvoyer, encore plus virulente à l’ennemi qui l’a d’abord envoyée), faire prospérer le commerce, etc.
C’est bien de profiter d’un porte-bonheur, il faut peut-être aussi veiller que les autres ne soient pas plus heureux, ce qui signifie qu’on n’a pas le plus efficace des porte-bonheurs, ou alors c’est les autres qui le neutralisent avec des grigris plus puissants. Il faut donc se défendre, avec des grigris censés être toujours plus puissants, une quête qui alimente une dépendance aux grigris qui n’est pas sans conséquence sur la santé mentale parce qu’elle fait le lit d’une paranoïa chronique et délétère.
Les femmes n’hésitent pas à user de « charmes » (philtres, onguents, etc) pour être aimées follement de celui qui les considère encore avec froideur ou tiédeur. Elles ramènent chez elle le petit sachet, la petite écorce ou poudre magique qui aplanira toute difficulté qui se dressera devant elle. La personne convoitée, avalera des choses plus que suspectes, dissimulées dans un succulent repas. C’est une entorse à morale bien sûr, mais on comprend le plaisir qu’elles prennent à ngrimbahtiser un repas, tout juste pour qu’un individu leur obéisse désormais, au doigt et à l’œil.

FOOTBALL : jamais sans mon grigri.
Le football draine des émotions puissantes, difficile qu’il échappe aux grigris. Il est communément admis que les joueurs sont « blindés ». Pour évoluer dans un milieu qui exige d’être au top, aussi physiquement que mentalement, il faut nécessairement s’appuyer sur quelque chose, et cette chose est facilement un talisman, un fétiche, quelque chose qui ajoute du pouvoir et de la chance au travail personnel du joueur. Les joueurs qui ne sont pas suffisamment blindés courent le risque d’êtres neutralisés mystiquement par des joueurs plus puissants, qui leur voleront leurs chances de faire une belle carrière sportive et s’en iront briller dans le monde entier avec tous ces avantages arrachés mystiquement aux autres.
On admet timidement que les joueurs internationaux nés en dehors du Cameroun puissent ne pas être blindés et ne souscrivent pas aux messes noires, puis quelqu’un conclue « nous sommes en Afrique hein! Si tu ne fais pas les ngrimbah, les ngrimbah vont te faire, ils vont te faire ça dur ».
Voilà des rencontres sportives arrêtées parce qu’on a vu le gardien jeter un paquet suspect la veille dans les goals du camp adverse. Les accusations de « maraboutage » pleuvent en milieu sportif, au point que certains dans le doute, préfèrent effectivement se blinder, ils vont alors régulièrement chez le guérisseur ou le marabout pour renforcer leur protection.
D’ailleurs, on est très suspect quand on ose affirmer qu’on n’y croit pas. Comment ? Comment peut-on affronter cette vie sans protection ? Sans bouclier en cas d’attaque ? Sans lance acérée pour se défendre ? C’est de l’inconscience. Laisser ses enfants sans la protection d’un grigri ? De la naïveté en plus de l’inconscience. Laisser des individus venir se servir sans vergogne dans son champ? De la faiblesse! Il existe toutes sortes d’outils de protection qui ne demandent qu’à être utilisés. Tu cueilles des mangues dans mon champ sans ma permission ? Tu vas le regretter, parce que j’ai blindé mon champ, il va donc t’arriver malheur, à toi qui a succombé à la gourmandise, qui a eu la faiblesse de voler.
Il y a des fétiches qu’on affiche ostensiblement, pour dissuader. Attention, ce lieu est protégé. Ils dissuadent d’autant plus que tout le monde est d’accord que toute transgression ne peut qu’avoir des conséquences désagréables.
Être d’accord, c’est ça le nœud de l’affaire. Il faut adhérer au système de croyance pour saisir la portée des transgressions et des sanctions qui y sont liées.
On comprend ainsi la démarche de ce monsieur, qui a attaché un ngrimbah à son compteur, pour empêcher les agents d’Eneo de procéder aux relevés afin de lui établir une facture. Le ngrimbah a eu son effet, personne n’a eu envie de le toucher, il a fallu l’intervention plus tard d’un prêtre et de l’eau bénite pour le neutraliser.

LES FÉTICHES AFRICAINS: histoire d’une fascination mondiale.
On peut les commander sur EBay, Amazon et autres, avec des prix allant de 10 euros à 3.000 euros environ. Généralement, ce sont des statuettes, qui représentent des hommes, femmes, animaux-totems, esprits et divinités, etc… certains sont de véritables œuvres d’art qui ne laissent personne indifférent, qui ont effectivement l’air d’être chargés de quelque chose. Ce sont des fétiches africains, vendus accompagnés d’une notice qui explique les pouvoirs dont ils sont chargés, ainsi que l’aire géographique de leur extraction. C’est un marché où il est bien sûr difficile d’échapper aux commerçants véreux. Il témoigne toute fois d’une fascination encore intacte pour une Afrique des enchantements, en connexion profonde avec le monde spirituel. Une Afrique où la force vitale peut être introduite dans une figurine par un devin, un marabout ou un sorcier, afin de préparer cet objet à des usages dispensateurs de puissance.
Les fétiches camerounais les plus vendus en ligne sont ceux de l’ethnie Fali (à proximité de Garoua, nord du Cameroun). L’on est en droit de se demander si les fétiches ainsi vendus ne perdent pas justement ce qui fait leur fondement : leur puissance.
Les camerounais ont encore recours aux fétiches, qui les aident à dénouer les nœuds d’une existence compliquée par des défis toujours plus grands.
