
JAPON: HARICOTS AZUKI ET NATTO
CAMEROUN: BHB ET JAZZ

Le haricot rouge est une variété de légumineuses riches en protéines végétales et en fer. Il siège en bonne place dans la gastronomie de diverses cultures, où il permet des repas aussi goûteux que consistants. Auparavant relégué dans la cuisine rustique, la popularité du haricot a attiré l’intérêt des gastronomes qui n’hésitent pas à le proposer sur les grandes tables. Facile à cuisiner, le haricot agrémente savamment le menu des « streets foods », au Japon comme au Cameroun, où il se pose en repas convivial, qu’on partage en même temps qu’on resserre les liens. Les japonais et les camerounais partagent une appétence pour le haricot rouge, tout en ayant chacun une manière particulière de les accommoder.

LE PETIT ROUGE DU JAPON: Le haricot azuki
Certains l’appellent à tort soja rouge (vigna angularis), pourtant c’est une légumineuse de la famille des fabacées, le haricot rouge azuki アズキ, aussi écrit adzuki ou aduki. Si vous mangez des haricots rouges au Japon, il y a beaucoup de chance qu’ils soient sucrés. On le retrouve dans les desserts et les friandises. Il existe une crème glacée aux haricots, faite sans crème, avec juste des haricots Adzuki cuits, moulus et écrasés, du sucre et de l’eau. La plupart des bonbons japonais traditionnels sont fourrés de purée de haricots sucrée. Dans les cuisines chinoise, vietnamienne, japonaise et coréenne, les haricots azuki sont presque toujours consommés sucrés, bouillis avec du sucre, et consommés tels quels ou pétris pour donner une pâte plus ou moins consistante. Les haricots azuki sont aussi couramment consommés sous forme de graines germées ou infusés dans l’eau chaude.
Au Japon, il est de tradition de servir pendant les fêtes un repas constitué de riz cuit qu’on mélange avec des haricots azuki (赤飯, sekihan). La symbolique de ce repas réside dans le mariage entre le rouge du haricot et le blanc du riz. Les deux couleurs reprennent celles du drapeau japonais (cercle rouge sur fond blanc) mais aussi, elles sont les symboles de l’opulence.
Les haricots azuki sont cuisinés sous diverses consistances:
La purée: les haricots sont écrasés fin avec une adjonction de liquide. La purée d’azuki sert entre autres à préparer l’amanattō, à fourrer certaines crèmes glacées.
La poudre: les haricots azuki sont écrasés fin sans adjonction de liquide. La poudre obtenue, mélangée à du thé, du sirop ou du lait de soja, entre dans la confection de boissons telles que le bubble tea d’origine taïwanaise, ou la red bean ice, une recette hongkongaise.
La pâte d’azuki est utilisée dans différentes recettes, mais elle est aussi consommée telle quelle, comme une pâte de fruits confits de grande finesse de goût : le yōkan japonais, ou détaillée en cubes dans des entremets avec de la gelée d’agar-agar comme l’an-mitsu et surtout pour fourrer de nombreux gâteaux japonais tels que dorayaki ou taiyaki (gaufres), manjū (brioches fourrées cuites à la vapeur), mochi (gâteaux de riz gluant), daifuku, etc.

LE MYSTÉRIEUX HARICOT GLUANT: le natto
Le natto 納豆 est un plat de haricots de soja fermentés d’aspect gluant et visqueux. Les petits haricots de soja sont cuits à la vapeur, ensemencés par la bactérie « bacillus subtilis natto », afin d’être fermentés.
Le natto est peut-être l’une des gourmandises japonaises les plus difficiles à adopter, à cause de son odeur très particulière qui peut décourager, surtout les étrangers qui ne connaissent pas ce plat pourtant très populaire. Les Japonais consomment quotidiennement le natto, avec du riz japonais accommodé de moutarde japonaise appelée karashi.
Avant de le déguster, il faut mélanger énergiquement le natto, avec des baguettes japonaises, jusqu’à ce qu’il prenne une consistance mousseuse. Puis on mélange la préparation obtenue avec la moutarde karashi et la sauce soja shoyu. On mange le natto avec du riz japonais bien chaud, qui est l’accompagnement le plus classique, entre autres accompagnements.
Les japonais et japonaises raffolent de ce plat qu’ils dégustent volontiers lors du petit déjeuner, du déjeuner ou du dîner.
Même s’il est une curiosité gustative et même olfactive à cause de son odeur difficile, le natto est aussi connu sur ses bienfaits. En effet, il est riche en protéines, en vitamines, et a des effets favorables sur la flore intestinale. C’est un plat bon pour la santé, idéal pour les végétariens.

LE HARICOT CAMEROUNAIS, ROI DANS SON HUILE: le BHB
Beignets-haricots-bouillie, BHB, un menu qui fait saliver les camerounais sur le champ. C’est une recette fédératrice, qui n’appartient ni à une tribu ni à une région, elle appartient aux camerounais. Elle fait partie, avec le ndolè, l’okôk, le taro sauce jaune, le poisson braisé, le poulet DG et autres, de l’identité culturelle gastronomique du pays. Le BHB se compose de haricots rouges cuits ajoutés à une préparation goûteuse faite d’oignons, de tomates et de condiments divers, le tout frit dans l’huile, c’est comme un chili con carne sans la viande. Ces haricots rouges sont servis avec des beignets de farine de blé, accompagnés par une savoureuse bouillie de maïs, ou de riz, au choix. S’il fallait donner un autre nom au BHB, on l’appellerait « Roots », le plat qui permet de célébrer ses racines camerounaises. Les icônes comme l’ancien footballeur Samuel Éto’o Fils ou le champion de MMA Francis N’Gannou n’hésitent pas à se montrer savourant un plat de BHB au bord de la route, devant un modeste point de vente, pour communier avec leurs compatriotes friands eux-mêmes de BHB.
Le BHB est très calorique, il cale aussi les estomacs les plus exigeant. Il a facilement la faveur des personnes qui font des travaux lourds, des étudiants et des élèves, des fonctionnaires qui se préparent pour une journée difficile, des travailleurs à revenus modestes qui cherchent un plat économique, et de toutes les personnes qui veulent un repas complet, alliant protéines, lipides et glucides, sans compter tous les bienfaits qu’on reconnaît aux haricots.
Le BHB a quitté la rue, pour prendre ses aises dans les restaurants huppés. Ainsi, au Hilton de Yaoundé, on a son BHB au petit-déjeuner, chez Tchop et yamo on l’a à toute heure de la journée. Les banquets chics font aussi une place de choix au BHB. Qu’on soit riche ou pauvre, on mange avec fierté son BHB.

LE HARICOT JAZZ: tellement bon qu’il donne envie de chanter
Avant que le BHB ne prenne les devants de la scène gastronomique camerounaise, il y avait le haricot jazz. Il y a toujours le haricot jazz. Il se prépare comme le haricot du BHB, sans qu’on ait besoin de beignets ou de bouillie pour le savourer. C’est la bonne vieille recette traditionnelle, qui n’a pas honte de son huile de palme et de ses écrevisses séchées, qui accepte complaisamment quelques morceaux de viande ou de saucisses, et même quelques carottes et haricots verts. Le haricot jazz se mange avec des bâtons de manioc, des plantains frits ou bouillis, voire pilés, des macabos bouillis, des pommes de terre frites, des patates, et même du riz.
Le haricot jazz est le repas roboratif par excellence. Il pèse dans le ventre et rassure ainsi ceux qui ont peur de ne pas avoir assez mangé pour affronter la journée et même la vie.
Pourquoi haricot jazz? L’huile que contient ce plat, en grande quantité, est accusée d’envelopper les cordes vocales au point de changer la tessiture de la voix. Avec son tout nouveau timbre vocal, le mangeur de haricot jazz acquiert une voix de velours qui n’a rien à envier à celle des chanteurs de jazz les plus réputés. Si vous voulez avoir une belle voix suave, avec de délicieux accents jazzy, le temps d’un repas, n’hésitez pas, mangez du haricot jazz.

Au Japon comme au Cameroun, les bienfaits des haricots rouges sont connus, et des recettes aussi variées que succulentes permettent de les savourer.
Le haricot rouge est ainsi :
- Une source de fer (fonction cognitive, globules rouges, système immunitaire, énergie, réduction de la fatigue)
- Une source de phosphore (énergie, santé des os et des dents, membranes cellulaires)
- Une source de fibres (régulation du transit intestinal, satiété, microbiote intestinal)
Mangez des haricots rouges !