
Le Cameroun est à l’honneur dans le dernier numéro du trimestriel « Gong », la revue francophone de haïku. La haïkiste Béatrice Mendo fait l’objet d’un entretien et d’une présentation d’extraits de ses haïkus.
Une reconnaissance internationale pour l’autrice des recueils « Paradis désert » et « Yaoundé se couvre de haïkus ». En attendant la sortie prochaine de « Haïkus
et Senryus sous l’équateur » et « Au commencement était le haïku », Béatrice Mendo nous partage ses projets dans la vulgarisation de cette forme de poésie
venue tout droit du Japon.

Pionnière en matière de haïku dans le
paysage littéraire camerounais, vous ve-
nez de faire l’objet d’un traitement spécial
dans la revue francophone spécialisée «
Gong ». Comment accueillez cet intérêt
accru pour vos recueils de haïku?
Je me sens évidemment flattée que mes
recueils de haïkus, « Paradis désert » et «
Yaoundé se couvre de haïkus » aient été bien reçus, autant par ceux qui découvrent les haïkus que par ceux qui les connaissent et pratiquent, au Cameroun et dans le monde entier. Ce qui arrive est le résultat de la persévérance dans l’exercice d’une passion. Il m’arrive
rarement de passer une journée sans écrire un haïku, ce qui a pour effet, je le souhaite vivement, d’accroître ma dextérité en la matière.
Je dois dire que c’est le deuxième acte de reconnaissance dont je me sens particulièrement honorée. La première reconnaissance de ma dextérité dans la pratique du haïku a eu lieu en 2015, je suis alors lauréate du Concours international de Haïku organisé par l’ambassade du Japon au Sénégal.
Qu’est-ce qui vous a attiré vers le haïku,
sachant que précédemment vous avez
exploré d’autres formes d’expression littéraire ?
J’ai commencé à écrire des haïkus avant même que je ne me consacre au roman, à la nouvelle et aux contes. Cependant, j’ai édité des ouvrages relevant de toutes ces spécialités littéraires avant de penser à l’édition de mes haïkus. Peut-être ai-je cédé à la facilité de servir au lecteur camerounais ce à quoi il était habitué. Toutefois, j’ai finalement décidé de
partager ma passion pour le haïku et surtout d’en vulgariser la pratique. Quand j’ai découvert le haïku, j’ai aussitôt été fascinée par ce poème court et costaud en signification et en émotion.
Le haïku c’est un nanopoème dans lequel tout l’univers peut habiter. Il peut en 17 syllabes, dévoiler l’évanescence des choses, cristalliser des émotions et rendre compte de l’existant.
Pour moi, qui trouvais la poésie classique rébarbative, autant dans sa métrique que dans ses ressorts lyriques, le haïku est arrivé à point nommé pour me réconcilier avec la poétique des choses.
Quel est l’état des lieux du haïku au Ca-
meroun et dans le paysage africain ?
J’ai créé une association, Yujo-Acajapon, dont la mission est de favoriser un partenariat culturel entre le Japon et le Cameroun. Elle est basée entre autres sur la littérature, les mangas, et diverses autres expressions artistiques. La
vulgarisation du haïku est au cœur des activités de l’association. Ainsi, nous prévoyons d’organiser des ateliers d’apprentissage, d’initier «La semaine du haïku camerounais », avec à la clé l’édition de plusieurs recueils de haïkus. Il
faut dire qu’il y a de la matière. J’ai découvert que je n’étais pas la seule haïkiste du Cameroun, nous sommes au moins une dizaine, qui écrivions encore dans l’anonymat, et qui une fois réunis, pouvons tracer les contours d’un label
camerounais en matière de haïku. Yujo-acajapon envisage d’encadrer et de donner de la visibilité à tous les auteurs de haïkus.
Propos recueillis par Yannick. ZANGA.