
Le pourboire, une pratique courante dans de nombreux pays, est souvent perçu comme une marque de gratitude envers un service rendu. Cependant, au Japon, cette coutume est non seulement inhabituelle, mais peut aussi être considérée comme une offense. Cet article explore les raisons culturelles et sociales derrière cette particularité japonaise, tout en comparant cette pratique à celles d’autres pays, notamment les États-Unis, l’Europe et le Cameroun.

Le Concept d’Omotenashi : L’Hospitalité Japonaise
Au cœur de la culture japonaise se trouve le concept d’omotenashi (おもてなし), qui signifie « hospitalité de qualité sans attente de récompense ». Cette philosophie repose sur l’idée que le service doit être impeccable et offert avec sincérité, sans attente de récompense matérielle. Contrairement à d’autres cultures où le pourboire est perçu comme une récompense pour un bon service, au Japon, le service est considéré comme une norme inconditionnelle.

Pourquoi le Pourboire est Mal Vu au Japon
- Service Inclus dans le Prix
Au Japon, le prix affiché inclut déjà le service. Les employés sont rémunérés de manière à ne pas dépendre des pourboires. Offrir un pourboire peut être perçu comme une insulte, car cela pourrait sous-entendre que le salaire de l’employé est insuffisant ou que le service n’était pas à la hauteur. - Refus Poli
Si un client essaie de laisser un pourboire, il est probable que l’employé le refuse poliment, voire le rende. Les Japonais considèrent que leur service doit être impeccable sans nécessiter de récompense supplémentaire. - Exceptions Rares
Dans certains établissements haut de gamme ou destinés aux touristes, le pourboire peut être accepté, mais cela reste très rare. Même dans ces cas, il est préférable de demander discrètement si c’est approprié. - Expression de Gratitude
Pour montrer son appréciation, un simple « arigatô », (merci) est suffisant. Mais si on ajoute « gozaimasu » c’est plus poli, « arigatô gozaimasu », (merci beaucoup), ありがとうございます. Un petit sourire marquant sa gratitude peut aussi convenir.
Dans certains cas, offrir un petit cadeau (comme un souvenir) est une manière plus appropriée de remercier.

Le Pourboire dans le Monde : Une Pratique Variée
La pratique du pourboire varie considérablement selon les cultures et les économies, il est généralement considéré comme un avantage ou un complément de rémunération pour l’employé, mais il ne fait pas partie du salaire de base ou des primes contractuelles.
Voici quelques points pour clarifier sa nature :
- Complément de rémunération :
Le pourboire est perçu comme un revenu supplémentaire, souvent directement versé par le client à l’employé (par exemple, un serveur ou un chauffeur de taxi). Il récompense un service rendu et dépend de la satisfaction du client. - Distinct du salaire :
Le pourboire n’est pas inclus dans le salaire fixe ou les primes légales ou contractuelles. Il est facultatif et variable, contrairement à une prime qui est souvent prévue dans le contrat de travail. - Statut juridique :
Dans certaines législations et notamment en France, les pourboires sont encadrés par le Code du travail. Ils ne sont pas considérés comme une partie du salaire, mais ils doivent être déclarés et peuvent être pris en compte dans certaines calculs sociaux (comme les cotisations sociales, selon des règles spécifiques). - Avantage non imposable (dans certaines limites) :
Les pourboires ne sont pas soumis à l’impôt sur le revenu dans la limite de certains seuils, car ils sont considérés comme un avantage en nature. Cependant, ils doivent être déclarés par l’employeur si ils sont collectifs et redistribués.

Voici maintenant un aperçu des différences entre le Japon, les pays occidentaux, et les pays africains, avec un focus sur le Cameroun.
- Pays Occidentaux
- États-Unis
Le pourboire est presque obligatoire et constitue une part importante du revenu des employés, notamment dans la restauration. Un pourboire de 15 à 20 % du montant total est attendu. Ne pas laisser de pourboire est considéré comme très impoli. - Europe
En Europe, le pourboire est moins systématique qu’aux États-Unis. En France, par exemple, un pourboire de 5 à 10 % est apprécié mais pas obligatoire. Dans certains pays comme l’Italie ou l’Espagne, un petit pourboire est courant, surtout dans les restaurants.
- Pays Africains et au Cameroun
En Afrique, la pratique du pourboire est très répandue, mais elle varie selon les régions et les contextes économiques.

- Cameroun
Au Cameroun, le pourboire est une pratique courante, surtout dans les secteurs de la restauration, de l’hôtellerie et des transports.
Il est souvent perçu comme un geste de gratitude et de reconnaissance pour un service rendu. Le pourboire peut aussi être l’occasion, pour un consommateur de ne pas s’encombrer du reliquat d’une facture, surtout s’il est composé de menue monnaie.
Contrairement au Japon, où le pourboire est mal vu, au Cameroun, il est attendu et apprécié. Cependant, il n’y a pas de pourcentage fixe ; il dépend de la générosité du client et de la qualité du service. Il n’est donc pas étonnant de constater des divergences à une table, « tu ajoutes encore l’argent pourquoi chéri ? Tu paies et tu ajoutes l’argent ? Pourquoi ? Moi, je récupère l’argent là. Madame, ramenez ce pourboire! » - Autres pays africains
Dans des pays comme le Kenya, le Nigeria ou l’Afrique du Sud, le pourboire est également courant. Dans certains cas, il est même intégré dans les attentes des employés, notamment dans les zones touristiques. Les pourboires peuvent varier entre 5 et 10 % du montant total, mais là encore, cela dépend de la situation.

Conclusion : Une Pratique Culturellement Enracinée
La pratique du pourboire est profondément influencée par les cultures et les contextes économiques. Alors qu’au Japon, elle est presque inexistante et mal perçue, dans les pays occidentaux comme les États-Unis, elle est presque obligatoire. En Afrique, et plus particulièrement au Cameroun, le pourboire est une marque de gratitude et de reconnaissance, bien qu’il ne soit pas toujours formalisé.
Ces différences illustrent à quel point les normes sociales et économiques varient d’un pays à l’autre. Pour les voyageurs, il est essentiel de se renseigner sur les pratiques locales afin d’éviter les malentendus culturels et de montrer du respect envers les coutumes du pays visité.
En résumé, le pourboire est bien plus qu’une simple transaction financière ; c’est un reflet des valeurs culturelles et des attentes sociales. Au Japon, il est remplacé par l’omotenashi, une hospitalité sincère et désintéressée, tandis que dans d’autres pays, il reste une pratique ancrée dans les relations entre clients et prestataires de services.
