Le Sumo : Un Art Martial Ancestral qui Conquiert le Monde

Le sumo, bien plus qu’un simple sport, est une discipline ancestrale qui incarne la tradition, la force et la spiritualité du Japon. Ce combat de géants, où deux lutteurs s’affrontent dans un ring circulaire appelé dohyō, fascine par son mélange unique de puissance physique et de rituels culturels. Découvrons ensemble les origines, l’évolution et la diffusion mondiale de cette discipline, ainsi que sa pratique émergente en Afrique, notamment au Cameroun, et les sumotori qui ont marqué l’histoire.

Qu’est-ce que le sumo ?

Le sumo est un sport de lutte japonais où deux adversaires s’affrontent dans un ring circulaire de 4,55 mètres de diamètre, le dohyō (土俵), qui est recouvert de sable. Le dohyō moderne est un cercle de bottes de paille de riz.
Les lutteurs de sumo sont appelés au Japon rikishi (力士, littéralement « homme fort »), voire o-sumō-san (お相撲さん, littéralement « M. Sumo », avec une marque de respect), plutôt que sumotori (相撲取り, sumōtori), qui est une appellation usitée en France, mais peu au Japon, si ce n’est pour les débutants.
L’objectif du sumo est simple : faire sortir l’adversaire du ring ou lui faire toucher le sol avec une autre partie du corps que la plante des pieds. Malgré ses règles apparemment simples, le sumo est également régi par des rituels complexes, comme le jet de sel pour purifier le ring ou les mouvements de pieds symboliques.
Avant la lutte, les sumos tapent dans leurs mains afin d’attirer l’attention des dieux.
Leur tenue de combat, le mawashi, ne laisse personne indifférent. C’est une bande de tissu de neuf mètres ou plus, de longueur et de couleur variées, qui encercle la taille du lutteur et couvre ses parties génitales. Il peut peser jusqu’à quatre kilos. Les mawashi en soie et colorés sont réservés au compétitions et aux lutteurs des deux divisions les plus hautes du sumo, les sekitori.

Les origines du sumo:

Le sumo puise ses racines dans le Japon antique, il y a plus de 1 500 ans. À l’origine, il était pratiqué lors de rituels shintoïstes pour honorer les dieux et assurer de bonnes récoltes. Les premiers combats de sumo étaient moins structurés et souvent liés à des cérémonies religieuses. Ce n’est qu’à l’époque d’Edo (1603-1868) que le sumo a commencé à se professionnaliser, avec l’apparition des premiers tournois organisés et la codification des règles.

L’évolution du sumo

Au fil des siècles, le sumo est passé d’un rituel religieux à un sport national japonais, puis à une discipline internationale. Aujourd’hui, il est géré par l’Association japonaise de sumo, qui organise six grands tournois (basho) par an, répartis entre Tokyo, Osaka, Nagoya et Fukuoka :

  1. Hatsu basho (janvier, Tokyo)
  2. Haru basho (mars, Osaka)
  3. Natsu basho (mai, Tokyo)
  4. Nagoya basho (juillet, Nagoya)
  5. Aki basho (septembre, Tokyo)
  6. Kyushu basho (novembre, Fukuoka)

Chaque tournoi dure 15 jours, et les sumotori s’affrontent quotidiennement pour gravir les échelons du classement (banzuke).
Le titre suprême est celui de yokozuna, réservé aux plus grands champions, les lutteurs de ce rang ne peuvent pas être rétrogradés à cause de leurs prestations médiocres. Après le grand champion yokozuna, suivent: ozeki, (champion) et sekiwake (champion junior. Il y a actuellement un seul yokozuna en activité : Hōshōryū promu en janvier 2025.
Les tournois organisés dans l’arène de sumo de Tokyo, le Ryogoku Kokugikan, attirent des milliers de spectateurs et sont diffusés dans le monde entier.

Le sumo a également évolué dans sa pratique. Bien qu’étant un sport macho, traditionnellement réservé aux hommes et ignorant les femmes, des compétitions de sumo féminin ont émergé dans certains pays (comme le Cameroun) et même au Japon. Ce qui est vraiment une évolution parce que l’espace du dohyō est considéré comme sacré et est interdit aux femmes. Dans la tradition shintoïste à laquelle est lié le sumo, les femmes sont toujours considérées comme impures, ce qui est incompatible avec le sumo dont les lutteurs sont considérés comme des demi-dieux. Pourtant le sumo féminin amateur existe et même, devient de plus en plus populaire au Japon : c’est le Shin-sumo.
De plus, des adaptations modernes, comme le sumo amateur ou le sumo de plage, ont contribué à démocratiser davantage ce sport.

Le sumo dans le monde

Le sumo a dépassé les frontières du Japon pour s’implanter dans de nombreux pays. En Europe, en Amérique du Nord, en Afrique et en Océanie, des clubs et des fédérations ont vu le jour, permettant à des amateurs de s’initier à cette discipline. Des tournois internationaux sont également organisés, comme le Championnat du monde de sumo, qui réunit des athlètes du monde entier.

Les différents tournois ont révélés de nombreux sumotori dont les plus légendaires sont :

  • Taihō Kōki : Considéré comme l’un des plus grands sumotori de tous les temps, il a remporté 32 tournois dans les années 1960.
  • Chiyonofuji Mitsugu : Surnommé « le Loup », il a dominé le sumo dans les années 1980 avec sa force et son élégance.
  • Hakuho Shō : D’origine mongole, il détient le record de 45 tournois remportés et est considéré comme le plus grand yokozuna de l’histoire moderne.
  • Asashoryu Akinori : Un autre Mongol qui a marqué les années 2000 par son style agressif et charismatique.

Quelques informations sur la vie du sumotori:

Les sumos vivent ensemble dans des « heyas », des centres de réclusion qui servent de dortoir, de salle d’entrainement et de gymnase.
Ces sportifs xxl observent un régime alimentaire particulier. Ils ne prennent pas de petit déjeuner et font du sport le ventre vide : ça fait grossir. Ils mangent deux repas par jour, à 11heures et 21 heures, et font de nombreuses siestes (4 heures par jour). Ils avalent des quantités énormes, au moins 8.000 calories par jour. Ils boivent de la bière à chaque repas. Leur repas, le chankonabe est un ragoût très nutritif et hyperprotéiné, dans lequel mijotent des légumes, du tofu et de la viande, du poulet, mais aussi du poisson, des fruits de mer, des udons (nouilles japonaises). Dès la fin du repas, ils vont se coucher afin de permettre à leur corps d’accumuler plus de graisse
Le rythme de vie classique d’un sumo s’axe sur les entrainements, le sommeil et les repas, mais l’impact sur la santé d’un tel régime n’est pas anodin : certains ont besoin d’une assistance respiratoire pour s’endormir et il existe des problèmes de diabète.
L’espérance de vie des sumos est de 65 ans : 15 ans de moins que la moyenne nationale. À cause du surpoids, les sumos sont plus exposés aux maladies cardio-vasculaires et métaboliques. Toutefois, cela reste très variable d’un individu à un autre.
Les lutteurs n’ont pas le droit d’avoir leur propre compte sur les réseaux sociaux et ne sont pas autorisés à vivre en dehors de leur écurie, sauf s’ils se marient

Le sumo en Afrique et au Cameroun :

En Afrique, les tournois de luttes traditionnelles font partie intégrante de plusieurs cultures et le sumo commence à se faire une place, notamment au Cameroun où on dénombre plusieurs clubs affiliés à la Fédération de Sumo dont entre autres :

  • Wouri Sumo Club : champion du Cameroun en 2019 chez les messieurs.
  • Ongola Sumo Club : champion du Cameroun en 2019 chez les dames, les Shin-sumo.
  • Épervier Sumo Club : un autre club de sumo camerounais qui a participé au championnat national en 2019.

Bien qu’encore peu connu, ce sport attire de plus en plus de curieux grâce à sa dimension culturelle et à son aspect spectaculaire. Des initiatives locales visent à promouvoir le sumo auprès des jeunes, en mettant en avant ses valeurs de respect, de discipline et de persévérance. La participation des Africains à différents tournois à permis de révéler des talents tels :

  1. Ezekiel Ojo (Nigéria) : considéré comme l’un des meilleurs sumotori africain, il a remporté plusieurs tournois internationaux.
  2. Ibrahim Hassan (Égypte) : il a représenté l’Égypte aux Championnats du monde de sumo en 2018.
  3. Abdelmalek Rahmoun (Algérie) : il a remporté plusieurs tournois nationaux et internationaux en Afrique du Nord.
  4. François Mbia (Cameroun) : considéré comme l’un des meilleurs sumotoris camerounais, il a remporté plusieurs tournois nationaux et internationaux.
  5. Pierre Owona (Cameroun) : il a représenté le Cameroun aux Championnats d’Afrique de sumo en 2019.

Il est important de noter que le sumo est encore un sport en développement en Afrique et au Cameroun, et que ces sumotoris sont des pionniers dans la promotion de ce sport sur le continent.

Conclusion

Le sumo, bien plus qu’un sport, est une véritable expression culturelle qui continue de fasciner par son mélange de tradition et de modernité. Du Japon au Cameroun en Afrique, en passant par l’Europe et l’Amérique, il conquiert peu à peu le monde, porté par des sumotoris légendaires et des passionnés déterminés à perpétuer cet art martial unique. Que vous soyez un amateur de sport ou un curieux de cultures étrangères, le sumo a de quoi vous captiver.

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